Dr Dahesh et Tagore

[Sandrine]

« Les Mémoires D’un Dinar » écrit par Docteur Dahesh (1942- Editions “An-Nisr Al Mohallek” – Beyrouth (Liban)) et traduit de l’arabe en français par Marie Hadad, relate l’extraordinaire destin d’un Dinar, une petite pièce de monnaie, depuis sa naissance au fond d’une mine, lors de l’extraction de l’or dont il est façonné, jusqu’à sa fin tragique …

Au cours de son existence, le dinar traversera le monde et sera témoin de l’avidité des êtres humains asservis à leurs désirs matérialistes.
Il constatera que ce tourbillon du matérialisme affole et subjugue les âmes qui sombrent aisément dans les profondeurs du néant.
Transitant de place en place, le dinar observera les hommes et sondera leurs cœurs. Il sera bien involontairement spectateur de scènes qui lui dévoileront une âme humaine dans son aspect cruellement pathétique…
Cette belle histoire possède le merveilleux pouvoir de réveiller nos consciences et d’anéantir l’illusion de puissance des cœurs les plus arrogants.

Je souhaiterais en premier lieu vous livrer une partie de l’introduction à l’édition précitée, rédigée par Marie Hadad:

« … L’or est incontestablement le maître du monde ; il est l’objet d’un culte universel. Avec une soif insatiable, on le poursuit, comme le but de la vie, comme une fin suprême. On le pourchasse par tous les moyens, car il est le mot de passe, la clef magique qui procure tous les plaisirs de l’existence : le bien-être, l’opulence, l’amour qui s’achète …
Ce conquérant, toujours vainqueur, subjugue les consciences les plus probes. Beauté, jeunesse, vertu, honneur, dignité humaine, rien ne résiste à l’épreuve de l’or ; il est la pierre d’achoppement où trébuchent, hélas ! Presque tous les humains.

Les religions élèvent des temples et des statues aux saints les plus divers, mais la divinité qu’elles honorent par-dessus tout, dont le socle s’érige dans tous les cœurs, c’est l’or. Pontifes et prélats, rois, princes ou simples particuliers, tous vils courtisans, lui rendent leurs humbles hommages, et lui offrent leurs plus rampantes dévotions. Ils jettent, par contre leur mépris à la pauvreté, si noble fut-elle.

L’or fut inventé par l’enfer pour la tentation de l’homme. Combien ont pu éviter ce dangereux écueil ? Les peuples, comme les individus, piétinent les plus saints principes, s’entr’égorgent en des guerres toujours plus sanglantes, en vue de la conquête de l’or.
Les leçons de l’histoire ne les ont point assagis. Vaine est leur expérience. La génération actuelle, malgré ses prétentions à une civilisation plus avancée, n’a pas amélioré la nature humaine ; elle a surtout perfectionné les armes de destruction … »

Le dinar vivra également de très beaux ... bien que trop rares moments, telle sa rencontre avec Gandhi ou avec Tagore …

A suivre …

Sandrine