Bonne année 72

[Astrid]

Le cœur rempli d’allégresse je me suis embarquée sur ce radeau de misère, certaine de mon courage et de ma capacité à vaincre tous les obstacles pour atteindre la Terre Promise. Lieu salvateur où je pourrais enfin savourer la plénitude tant espérée. Je savais les dangers nombreux mais j’ai pris la mer sans douter un seul instant de ma réussite. J’espérais avec impatience et fébrilité ce refuge où les anges m’accueilleraient à bras ouverts pour me conduire vers Celui qui pourrait apaiser ma soif d’absolu.

Ils m’avaient pourtant tous avertie de la difficulté de ce périple. « Tu n’es pas la première à vouloir atteindre le Graal mais ta quête est vaine. Trop d’Hommes ont sombré dans la folie. Le chemin est rude, semé d’embûches et il y a peu d’élus… »

J’ai porté mes mains à mes oreilles pour ne plus entendre ces funestes présages. Leurs paroles se distillaient en moi comme le chant des sirènes. Des paroles insidieuses dont le but ultime étaient de faire vaciller ma foi.

Peut-être avaient-ils raison ceux qui m’enjoignaient de rester sur le rivage.
Pour quelle raison continuais-je à m’entêter ? Comment pouvais-je réussir là où tant d’autres avaient échoué ? N’étais-je pas mue par ma seule vanité ?

Le clapotis de l’eau me berce. Les paupières mi-closes je laisse mon esprit divaguer et me plais à croire que mon Paradis se rapproche inexorablement.

Je guette le moindre signe de vie. Voici des jours que les oiseaux tournoient savamment autour de ma légère embarcation. Présage de la fin de mon périple ? Ma soif de paix est inextinguible. Je crois parfois distinguer les contours rassurants de la terre ferme mais ma joie n’est que de courte durée. Les mirages se succèdent à un rythme effréné. Mes états d’âme m’entraînent dans des contrées encore inexplorées, le plus souvent effrayantes.

Peut-être avaient-ils raison. Je n’y arriverai jamais. Je ne peux extirper de mon être le doute qui me fait courber l’échine. Ma foi n’est peut-être pas aussi grande que je le supposais.

Il me semble à présent tellement plus simple de sombrer dans un profond sommeil. De mettre en berne toute forme de résistance, de me laisser aller à cette douce et envoutante léthargie qui anesthésie mes sens et mes désirs. Je suis prête à tout pour faire disparaître cette souffrance.

Ils croyaient avoir raison mais je sais qu’ils ont tort…

Une petite flamme vacille encore en moi, lueur céleste qui me permet d’entrevoir le doux visage du Docteur Dahesh. Ses traits m’apparaissent distinctement. Son doux sourire agit comme un baume sur mon âme esseulée. Je m’accroche à cette vision comme une condamnée à son dernier souffle. Ma détermination à ne pas laisser s’échapper ce que j’ai de plus précieux au monde me donne la force de me battre. Et je me souviens…Aujourd’hui, 23 mars 2013 nous célébrons le 1er de l'an Daheshiste 72.

Ma faiblesse a failli m’engloutir. Je sais à présent que l’océan de mes doutes est le seul obstacle qui pourra m’empêcher d’accoster sur la Terre Promise… un jour…

Les éléments peuvent à présent se déchaîner autour de moi, je dois poursuivre ma quête jusqu’à plus soif et continuer à brandir l’étendard de ma religion : Le Daheshisme.

Astrid

[Sandrine]

Bonne Année 72 à tous !

Merci pour ce beau texte livré à l'occasion de ce 1er de l'an Daheshiste 72 Astrid!

Puisse cette nouvelle année être paisible et joyeuse pour tous !